L’émouvante cérémonie d’entrée de Robert Badinter au Panthéon, où il a rejoint celles et ceux de sa trempe, combattants des Lumières, grands résistants, défenseurs acharnés de la République et de ses valeurs, laïques intransigeants, humanistes rayonnants, passionnés de liberté, a permis à la République toute entière de rendre l’hommage mérité à ce grand monsieur, comme elle l’avait fait il y a quelques mois dans l’hommage national de la Place Vendôme.
Le discours du Président fut, curieusement, moins complet et profond qu’alors, même si son passage sur l’antisemitisme fut très bienvenu apres l’acte insupportable de profanation de la tombe de Robert Badinter le matin même, mais la cérémonie plus sophistiquée et plus empreinte d’émotion.
Les interventions de Guillaume Gallienne, Philippe Torreton, Sandrine Bonnaire, Éric Ruf et Marina Hands, lisant des textes de l’ancien garde des sceaux, ou la très jolie chanson de Jean-Loup Dabadie chantée par Julien Clerc, ont permis de mobiliser dans un bel élan symbolique, la Culture dans le grand combat pour les libertés.
Et d’entendre la voix de François Mitterrand lors de la campagne présidentielle de 1981, dans cet hommage, fût-ce furtivement, « au fond de ma conscience, je suis contre la peine de mort », comme son évocation à plusieurs reprises a eu le mérite de souligner que quel que fût l’immense mérite de Robert Badinter, il portait avec son grand talent un combat collectif, impulsé par l’ancien Président de la République et voté avec enthousiasme par les parlementaires de gauche, socialistes pour l’essentiel et, soyons honnêtes, quelques voix de droite. La République se grandit quand elle se hisse à la hauteur de ses grands serviteurs.
Jean Glavany
Président de l’Institut François Mitterrand
Ancien ministre