J’ai connu Gilles Ménage à mon arrivée à l’Elysée, à l’automne 1987, lorsque j’ai été placée sous l’autorité du Directeur-adjoint de cabinet qu’il était alors aux côtés de Jean-Claude Colliard, Directeur de cabinet du Président de la République François Mitterrand.
Il m’avait demandé de l’assister dans la gestion de la « Maison Elysée », c’est-à-dire des moyens nécessaires au fonctionnement quotidien de la Présidence de la République, et notamment des quelques 800 personnes, pour la plupart mises à disposition par les ministères (Culture, Intérieur et Défense essentiellement), qui en assuraient les tâches quotidiennes.
J’ai alors pris conscience du travail considérable qu’avait effectué Gilles Ménage depuis son arrivée à l’Elysée en 1981 comme Chargé de mission au cabinet du Président de la République, poste auquel je lui succédait en 1987, travail méconnu car loin des caméras et des préoccupations politiques, mais pourtant indispensable au bon fonctionnement de l’institution.
C’est en particulier grâce à lui que la quasi-totalité des bâtiments du Palais de l’Elysée a été remise à neuf, en particulier les cuisines, restées « en l’état » depuis le départ du Général de Gaulle, et qui n’honoraient pas le pays de la gastronomie, au regard des conditions de travail des personnels notamment. La salle des fêtes et le jardin d’hiver ont également été restaurés, avec une particulière attention car classés au titre des monuments historiques.
Gilles avait aussi entièrement restructuré et modernisé (c’est-à-dire informatisé) le traitement du courrier du Président de la République : plus d’un million de lettres reçues durant le premier septennat, et deux millions expédiées, chaque solliciteur recevant une réponse personnalisée cependant qu’une lettre de saisine du ministère ou de l’institution compétente était envoyée concomitamment (auparavant, une quarantaine de lettres-types, constituaient l’essentiel des réponses). Ce service comportait alors une cinquantaine de rédacteurs, sous l’autorité d’un administrateur civil, chargés de trier ce courrier, et de rédiger des réponses personnalisées après saisine des conseillers techniques du Président compétents.
Dans toutes ces tâches, Gilles a fait montre de son immense capacité de travail, de sa rigueur, confinant parfois à la minutie ont dit certains, et d’une capacité d’attention et d’écoute des personnels concernés dignes du grand administrateur qu’il était.
J’ai retrouvé ces mêmes qualités de gestion rigoureuse, 30 ans plus tard, lorsque l’an dernier, j’ai collaboré, à ses côtés, à l’organisation par l’Institut François Mitterrand – dont il assurait bénévolement le secrétariat général – des cérémonies du centenaire de la naissance de François Mitterrand, le 24 octobre 2016 au Louvre.
Sa simplicité et sa gentillesse resteront aussi pour moi inséparables de cette figure du grand serviteur de l’Etat qu’il a été dans ses différentes fonctions tout au long de sa vie.
Béatrice Marre