La politique de l’audiovisuel entre 1981 et 1995 forme le thème principal de ce numéro. La lettre de l’Institut a recueilli des contributions d’universitaires, d’experts, de responsables politiques ou professionnels, de témoins de ce qui fut l’éclosion d’une liberté.
Nous jetons ici sur cette période et cette question un regard fidèle et lucide, attentif à éviter les simplifications et les jugements péremptoires mais à restituer inlassablement les grands moments et les progrès majeurs de ces quatorze (...)
Les deux septennats de François Mitterrand sont marqués, dans le domaine de l’audiovisuel, par un certain nombre de ruptures. Sous les coups de boutoir conjugués des innovations techniques et de l’évolution des mentalités, l’histoire paraît brusquement s’accélérer, le changement l’emporte pour donner naissance à un nouveau PAF.
L’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République a suscité beaucoup d’espoirs chez les journalistes, producteurs, réalisateurs et auteurs qui souhaitent voir leurs (...)
« La communication audiovisuelle est libre. » Telle est la rédaction de l’Art. 1er de la loi promulguée le 29 juillet 1982, un siècle et un an, jour pour jour après la grande loi Jules Ferry sur la liberté de la presse.
22 ans et une demi-douzaine de lois plus tard, ce principe fondateur demeure inscrit dans notre droit, exactement dans les mêmes termes. Cette « fenêtre sur la liberté » voulue par François Mitterrand est restée ouverte.
Au milieu des années 70 deux conditions nécessaires, mais à elles (...)
J.F. Huchet : Dès 1982, donc très vite, la gauche vote une loi qui amorce un profond bouleversement du monde de la radio et de la télévision, allant bien au-delà du programme du candidat François Mitterrand. Y-avait-il à ce point urgence ?
Jacques Attali : Pour bien comprendre d’où la gauche est partie, il faut d’abord se souvenir de la chape de plomb qu’avait fait peser le pouvoir précédent sur le monde des médias. Ainsi, en 1974, la quasi-totalité des médias importants roulaient pour les deux (...)
Jean-François Mary : Entre la libéralisation des débuts du premier septennat, le mouvement de privatisation qui s’est amorcé ensuite et les tentatives de stabilisation qui ont suivi, quel bilan tirez-vous de cette période ? Une autre voie eût-elle été possible qui aurait pu conduire à une télévision différente ?
Francis Balle : Non, aucune autre voie n’était possible. La libéralisation de la radio et de la télévision répondait à une double exigence, à la fois technique et politique. Depuis le début des (...)
Ce qui suit n’est pas le point de vue d’un historien ou d’un observateur neutre, mais le témoignage de quelqu’un qui a été un des acteurs de la scène audiovisuelle et qui, en vingt ans, a connu trois Présidents de la République, cinq majorités parlementaires et une bonne dizaine de ministres chargés de la Communication. C’est dans cette perspective que je vais situer mon analyse des années Mitterrand.
Quand j’ai pris mes fonctions en 1980, la situation de l’audiovisuel était figée : le monopole de la (...)
En 1981, j’ai été désigné par le Vice-président du Conseil d’Etat pour contrôler la régularité de la campagne pour l’élection du Président de la République. Je ne connaissais pas François Mitterrand, que j’allais alors rencontrer, comme les autres candidats, quotidiennement à la Maison de la Radio. Fort heureusement aucun incident majeur ne vint troubler la campagne qui s’est déroulée dans un climat lourd de méfiance réciproque. C’est à la suite des élections législatives de mai que le Président me fait (...)
Lire la suiteJean-François Huchet : En tant que membre de la Haute Autorité, vous vous êtes tout particulièrement attaché à la question des nouvelles radios privées. Comment se présentait alors ce dossier ?
Stéphane Hessel : L’idée de liberté était forte. Le Parti Socialiste avait milité avant l’élection présidentielle pour que les radios puisent devenir une source plus grande de liberté de communication. Il s’agissait de désenfermer la radio et la télévision du carcan de l’Etat. Nous avions en tête l’exemple de (...)
J.F. Huchet : Quel regard portez-vous en tant qu’historien sur la période 1981-1985 en ce qui concerne la radio et la télévision ?
Jean-Noël Jeanneney : Il est incontestable que cette période a été des plus fécondes au regard des libertés et de la modernisation de ce secteur.
Elle a permis tout d’abord de faire la démonstration que le service public de la radio et de la télévision pouvait être au service de tous, servir des valeurs qui ne sont pas celles du marché, tout en acquérant une indépendance (...)
Jean-François Mary : Vous avez été le premier directeur de cabinet de François Mitterrand à l’Elysée et, comme tel, vous avez participé de près au premier train de réformes sur l’audiovisuel. Quels premiers souvenirs en tirez-vous ?
André Rousselet : L’élection de François Mitterrand en 1981 a suscité beaucoup d’espoirs. Le nouveau Président de la République venait avant son élection de faire l’objet d’une instruction judiciaire et d’avoir été convoqué chez un juge, pour avoir parlé sur l’antenne de Radio (...)
Véritable choix politique et perçue comme un acte de libération, la suppression du monopole par la loi du 29 juillet 1982 ne s’est pas accompagnée de l’effacement de l’État ; heureusement et malheureusement. Heureusement pour la liberté d’expression et la diversité des contenus ; malheureusement pour l’inflation réglementaire due à une politique brouillonne, restée à mi-chemin dans bien des domaines. Le résultat est un secteur en perpétuelle ébullition peinant à trouver son équilibre, aussi bien en termes (...)
Lire la suiteDès 1981, Jean-Pierre Chevènement, Ministre de la recherche, engage l’ensemble du monde scientifique français dans une grande consultation sur les perspectives et les enjeux de la décennie à venir . Ce sont les « États généraux de la recherche ». C’est dans ce contexte que s’exprime François Mitterrand, le 13 janvier 1982, lors du colloque national « Recherche et Technologie » à Paris. Nous vous présentons quelques extraits du discours prononcé à cette occasion.
« (...) Ambition majeure de notre politique, (...)
C’est à l’observation « in vivo » d’un épisode des plus récents de la construction européenne que nous convie Alain Lamassoure dans l’ouvrage « Histoire secrète de la Convention Européenne » qu’il vient de publier aux Éditions Albin Michel.
Député européen, membre de la Convention, il lève le voile pour le lecteur sur les péripéties de cette tentative historique, sur notre histoire en gestation, à chaud, au moment même où elle se fait. Il nous y guide pas à pas, avec sobriété, méticuleusement quand même on sent (...)
Nul part, sauf en France au cours des onze derniers siècles, la littérature n’aura eu autant d’importance. Cette étrange passion nationale, l’auteur de cet ouvrage, Pierre Lepape, nous invite à la redécouvrir tout au long d’un voyage en quarante quatre étapes. « Comme la France, la littérature se vit à la fois comme essence et comme existence. »
Création privée, elle devient aussi très vite affaire d’état. Elle a ses prêtres et ses gendarmes, ses insurgés et ses contrebandiers qui se croisent, (...)
Militant syndical, regardant avec réserve ceux qui s’activent sur l’autre versant, celui du politique, dans les années 1960, le jeune Delors approfondit son engagement chrétien à la Vie nouvelle, lance un club « Citoyens 60 » tout en participant activement au mouvement de déconfessionnalisation de la CFTC, évolution qui donnera bientôt naissance à la CFDT.
C’est au Commissariat au Plan qu’il affine progressivement sa conception de la politique économique. Il a alors une hantise : l’inflation, sur (...)