Par la volonté de son président, l’Institut François Mitterrand a voulu donner un caractère scientifique à l’année de commémoration du centenaire de la naissance de l’ancien Président de la République. Aussi, à côté de manifestations plus spécifiquement mémorielles soutenues par l’Institut, celui-ci a organisé et co-organisé plusieurs rencontres, colloques ou journées d’études au cours desquels chercheurs et témoins ont pu échanger et débattre au sujet ce qu’il est convenu d’appeler les années Mitterrand – pour reprendre le titre éponyme du livre de Serge July paru en 1986. L’objectif, comme le rappelle le statut de l’Institut étant de contribuer à « la connaissance de l’histoire politique et sociale de la France contemporaine » non seulement en ce qui concerne l’ancien président mais au-delà de sa personne, aux politiques menées, aux enjeux, aux acteurs, etc.
Dans le cadre du numéro spécial centenaire de La Lettre, il convenait de dresser un bilan de cette activité.
Premier enseignement : la curiosité du public. Sur l’ensemble des manifestations que nous avons organisées, l’auditoire aura été nombreux, attentif. Pour les moments les plus importants, nous avons rassemblé plus de trois cents personnes ; certaines journées d’études, aux thématiques plus réduites, ont réuni une centaine de participants. Cette affluence a à la fois surpris et satisfait les chercheurs et témoins qui ont l’habitude d’intervenir devant des publics plus restreints. Il faut certainement se réjouir de cet intérêt qui nous conforte dans l’idée qu’il y a une réelle attente pour une histoire politique de ces années, attente par ailleurs attestée par les conférences qui se sont tenues un peu partout en France. Des mairies, des Conseils départementaux, de simples sections socialistes, ont en effet organisé des soirées consacrées à l’action politique de François Mitterrand et ont demandé l’aide de l’Institut pour les organiser. Après un exposé historique – sur la stratégie politique de François Mitterrand, l’union de la gauche, les années de gouvernement, etc. –, les échanges avec le public ont souvent été riches, animés, mêlant de façon intéressante présent et passé.Deuxième enseignement : l’intérêt de croiser le regard des chercheurs et celui des témoins. En effet, ce fut une constante des manifestations scientifiques de ce centenaire. On sait que l’exercice est pourtant difficile. La parole de l’historien – celui-ci toujours nuancé puisqu’il croise différents points de vue et contextualise des situations complexes – est par définition différente de celle des témoins. Ces derniers conservent en effet la mémoire de leur propre action au moment des faits – ce qui est très précieux – mais une mémoire par définition partielle. L’une et l’autre de ces paroles n’ont donc pas à s’affronter en tant que telles, pas plus qu’elles ne s’additionnent. En effet, le regard de l’historien et celui du témoin sont irrémédiablement de nature différente. Les mélanger relève donc toujours d’un délicat exercice. À l’occasion du colloque 1984-1988, les années d’alternance, dont les conclusions ont été présentées en janvier 2016 à l’Assemblée nationale, nous avions fait le choix de ne pas associer témoins et historiens. Il s’agissait en effet, à cette occasion, de présenter le résultat de recherches en archives, elles-mêmes débutées deux ans plus tôt. Toutefois, lors de séminaires organisés préalablement, tout au long de l’année 2014-2015, puis à l’occasion de quatre journées d’études reprenant les principaux thèmes du colloque, l’échange avait pu avoir lieu. De l’avis de tous, il fut de bonne qualité. Ce fut le cas, en particulier, des explications données par différents acteurs quant à la réalité de la première cohabitation. À l’inverse, à l’occasion du colloque François Mitterrand et le monde – en octobre 2016 –, comme lors de la journée d’étude consacrée à l’UDSR, à la CIR et à l’union de la gauche – un mois plus tard –, témoins et chercheurs se trouvaient réunis. Les premiers réagissant aux présentations des seconds. Bien qu’organisée différemment, il nous semble que, là encore, l’échange fut fructueux. Nous ne retiendrons qu’un seul exemple : l’échange entre l’Amiral Lanxade et l’auteur de cet article à propos de la guerre du Golfe. Celui qui était alors le chef d’État-major particulier de François Mitterrand n’a en effet pas hésité à revenir sur le différent qui l’opposa, à l’époque, à Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense. On peut penser que, s’il n’avait pas été explicitement sollicité dans le cadre d’un échange, l’Amiral serait resté prudent sur ce thème – comme il l’avait été, du reste, lors du colloque Mitterrand et la Défense1. Quoi qu’il en soit, s’agissant d’une histoire contemporaine en train de s’écrire, il nous semble que la formule témoins-historiens, sous les différentes formes expérimentées, est utile à la connaissance à condition que le rôle et la parole de chacun soit clairement définie afin d’éviter les concurrences stériles. Nous pensons y être parvenus.
Le troisième enseignement est d’ordre scientifique. Le terme peut paraître grandiloquent, mais il s’agit bien de cela. L’atelier de l’historien, en effet, ne se réduit pas à la salle d’archive ou à la page blanche (représentée aujourd’hui par le clavier de l’ordinateur). Une fois l’enchaînement des faits composé et les conclusions de cet enchaînement tirées, il lui reste encore à vérifier et confronter son travail. Toutes les sciences sociales procèdent de même. Elles sont le lieu d’un ajustement permanent qui se produit par échange voire affrontement. D’une certaine façon, l’histoire se fait ainsi par « amitié » – pour reprendre le mot de Marc Bloch – car celle-ci permet les ajustements successifs des chercheurs les uns par rapport aux autres et finalement la compréhension globale d’une époque.
À l’occasion du colloque 1984-1988, les années d’alternances, nous pensons être parvenu à ce type d’échange fructueux. À l’occasion des étapes déjà rappelées, les chercheurs ont pu confronter leurs points de vue non seulement avec les témoins mais aussi entre eux. Le champ couvert fut large : jeux et enjeux politiques pendant les deux gouvernements Fabius et Chirac, rapports de forces entre partis, politique internationale – du franco-allemand à l’Afrique en passant par le multilatéral (Communauté européenne, guerre froide) – sans oublier les questions de défense. Les grands équilibres économiques ont été analysés ainsi que les aspects institutionnels, culturels et éducatifs.
Au final, c’est bien la vision des différentes alternances lors de ces années qui s’est trouvée précisée. En premier lieu, plusieurs chercheurs sont revenus sur la question du « tournant » de l’année 1983. À bien des égards, si les décisions prises en 1983 témoignent de plusieurs inflexions et d’un changement dans le discours politiques, elles ne constituent pas une rupture brutale. La gauche au pouvoir n’a pas attendu cette date pour tenir compte de la contrainte extérieure ou de l’insertion de l’économie française au sein d’un ensemble ouest-européen. En revanche, l’arrivée du gouvernement de Laurent Fabius, à l’été 1984, marque bien un changement. Là où le gouvernement Mauroy – comprenant des ministres communistes – avait appliqué puis géré les mesures du candidat Mitterrand, le gouvernement de Laurent Fabius correspond pour sa part à un tournant bien plus évident : reconquérir un électorat, sur la base d’un discours socialiste rénové afin de répondre au mécontentement des Français. Libérée, en quelque sorte, de l’alliance avec le PCF – là serait la véritable rupture –, cette seconde étape du premier septennat de François Mitterrand annonce le thème de la France unie lors de sa réélection de 1988. Bref, une clarification de la ligne politique rendue possible par le départ communiste.
À cette première alternance de 1984, voulue par François Mitterrand, s’en ajoute une seconde : la cohabitation de 1986 à 1988. Là encore, les différents chercheurs qui se sont penchés sur la question ont permis d’éclairer cette période. Deux éléments ressortent. En premier lieu, bien entendu, le changement de majorité politique correspond à un profond bouleversement. La simple expérience du fonctionnement du pouvoir en cohabitation l’incarnait. Le changement de majorité, les multiples passes d’arme entre le Président et son Premier ministre, le tout arbitré par la campagne présidentielle de 1988, ont indéniablement marqué un temps différent de la vie politique nationale. Cette alternance s’est-elle traduite par des changements politiques. En réalité, c’est bien secteur par secteur et peut être même dossier par dossier qu’il faut analyser les continuités et les ruptures. Ainsi, dans notre pays – son économie, ses rapports sociaux – les permanences sont bien présentes et toute alternance du pouvoir se voit confronter à la question de la prise en compte du réel. D’où l’importance de ces années 1984-1988 qui ont permis à la gauche, sous la Cinquième République, de se doter d’une culture de gouvernement. Le grand public comme les spécialistes pourront prendre connaissance de ce travail lors de la publication des actes qui aura lieu aux Éditions Nouveau Monde à l’automne 2018.
Le second colloque organisé pendant cette année 2016 (au mois d’octobre) fut François Mitterrand et le monde. Il s’agissait d’examiner la diplomatie mitterrandienne de 1981 à 1995 autour de quatre thèmes, chronologiques : les conditions de l’arrivée au pouvoir, les premières mesures – de la crise des Euromissiles à la relance de l’Europe –, la « chute du mur » et les crises de l’après-guerre froide, enfin certains dossiers transversaux. Ce colloque réunissait des chercheurs spécialistes de ces questions dont la plupart avaient contribué en 2011 à la publication d’un numéro spécial de la revue Matériaux de la BDIC2. Il s’agissait donc moins de faire état de nouvelles recherches que de faire un point d’étape sur les conclusions établies.
Là encore, nous renvoyons nos lecteurs aux actes à paraître. Il est possible, d’ores et déjà, de tirer quelques observations générales. On ne peut qu’être frappé, par exemple, par la disparition de la mémoire de la guerre froide et de ses logiques. Le « monde bipolaire » produisait en effet ses propres logiques de solidarité, lesquelles concurrençaient très nettement – et dans bien des cas supplantaient – les impératifs et contraintes de l’internationalisation de l’économie. Bref, ce que l’on commence à appeler, dans les années 1980, « mondialisation » n’est pas encore le paradigme central des relations internationales. Autre enseignement, si les événements intervenus entre l’Allemagne de l’Ouest et de l’Est ont marqué les populations, le processus de « chute du mur » doit s’inscrire dans une vision historique plus large, s’étalant de l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev en 1985 jusqu’à la conclusion des accords de Maastricht fin 1991 – date qui correspond, par ailleurs, à la disparition effective de l’Union soviétique. Si tant est que le monde actuel soit le résultat de cette chute, ce sont donc moins les images, sans cesse diffusées, des Berlinois abattant le mur de Berlin Est qui l’explique que les décisions prises tout au long de cette demi-décennie.
Enfin, on notera à l’occasion de ce colloque que la plupart des polémiques qui agitent souvent les médias quant à la diplomatie mitterrandienne ne sont pas du tout au cœur de la réflexion des historiens.
Deux autres journées d’études consacrées à la diplomatie sont venues compléter ce dernier colloque : François Mitterrand et l’Amérique Latine (1971-1995) 3 & François Mitterrand et l’Italie (novembre/décembre 2016). Là encore, témoins et chercheurs étaient réunis pour s’exprimer de concert. Lors de ces deux rencontres – chacune ayant permis aux participants de découvrir ou redécouvrir tant la Maison de l’Amérique latine que l’ambassade d’Italie à Paris – différents thèmes auront été traités dont on peut retenir au moins deux choses :
Si l’Europe fut bien la priorité de la diplomatie mitterrandienne, les autres sphères géopolitiques ne furent pas pour autant délaissées. L’étude de cas représentée par l’Amérique latine est de ce point de vue illustratif. Au-delà, sans doute, d’un engagement tiers-mondiste affirmé – en particulier au début du premier septennat –, on perçoit aussi un intérêt maintenu et un engagement dans cette région que l’on pourrait qualifier de softpower4. Une remarque similaire pourrait être faite à l’égard de l’Italie. Si la priorité de la diplomatie mitterrandienne fut bien, à l’intérieur de la Communauté européenne, l’axe franco-allemand, le président français n’en négligea pas pour autant ses autres partenaires. C’est vrai pour les petits pays du Benelux, c’est vrai aussi pour l’Espagne – à partir de 1986 – et l’Italie. D’où l’instauration d’un sommet franco-italien annuel, voulu par François Mitterrand, et de relations étroites avec les dirigeants romains. Un seul exemple, sans doute, de l’importance de cette relation : la rencontre Andreotti-Mitterrand à la veille du Conseil européen de Maastricht, les deux hommes s’entendant pour proposer une date irréversible pour la création de la monnaie unique.
Ces deux journées ont bien mis en évidence l’intérêt de François Mitterrand pour « l’autre ». Fiers de la culture française dont il se faisait partout le principal défenseur, le Président Mitterrand – comme le Premier Secrétaire avant cela – se montrait très curieux des pays qu’il visitait, des personnalités rencontrées, des villes traversées. Cet infatigable « touriste politique » – pour reprendre l’expression de Judith Bonnin, l’une des intervenantes sur L’Amérique latine – aimait sortir de l’hexagone. Peut être connaissait-il Venise et Florence autant que Paris ?
De ville il fut aussi question à Nantes en novembre 2016. Organisé par Michel Cantal-Dupart, la conférence Les villes de François Mitterrand retraça plus particulièrement les relations de François Mitterrand avec les villes, la naissance de la politique de la ville et Banlieue 89. De la même manière, un peu partout en France – citons la Nièvre, Metz, le Finistère, etc. mais aussi l’Ile-de-France –, des mairies, des départements, des grandes ou de petites sections socialistes organisèrent des rencontres autour de l’exposition du centenaire réalisée par l’Institut à cette occasion. À plusieurs occasions, l’Institut a été sollicité pour animer de petites conférences à leur ouverture. À chaque fois, le thème abordé fut celui de la stratégie de conquête du pouvoir par François Mitterrand, sujet qui semblait le plus rencontrer l’intérêt des participants durant cette année du Centenaire. Ce fut l’occasion de rappeler, de la troisième force jusqu’à la France unie, en passant et en détaillant, bien entendu, l’union de la gauche, les différentes stratégies politiques que François Mitterrand chercha à mettre en œuvre, qui permirent notamment les victoires de 1981 et 1988. Au travers des questions posées par le public aux intervenants, il est clair que l’intérêt pour la maîtrise par François Mitterrand du calendrier politique, des alliances et des projets continuent d’intéresser.
Deux autres journées ont de leur côté été consacrées à ce que l’on pourrait appeler le « Mitterrand politique » : François Mitterrand dirigeant politique (1946-1981) & François Mitterrand et le Parlement (1946-1996), respectivement en partenariat avec le Centre d’histoire de Sciences Po et le Comité d’Histoire Parlementaire et Politique. Dans les deux cas, il s’agissait de revenir sur certains aspects de la vie politique de François Mitterrand.
À lire les biographies qui lui sont consacrées – y compris les plus récentes –, ce sont toujours les mêmes périodes ou les mêmes événements de la vie de celui qui allait devenir Président de la République qui sont scrutés, telle ou telle action ministérielle, tel congrès du Parti Socialiste, telle prise de position politique, etc. Mais très peu d’études, jusqu’à présent, se sont intéressées aux aspects concrets de l’engagement politique de François Mitterrand. Quel type de dirigeant politique, de leader politique était-il ? Que représentait concrètement, pour lui, cette activité ? Comment s’est déroulée sa vie parlementaire ? Quel type d’orateur était-il ? Etc. Autant de questions qui furent abordées, plus ou moins directement, lors de ces deux journées d’études ou, là encore, témoins et chercheurs ont confronté leurs points de vue. Il serait trop long, ici, de résumer l’ensemble des interventions. Il paraît toutefois clair que ce champ d’étude, ouvert à cette occasion, fera l’objet de compléments et d’approfondissements. L’Institut y veillera.
Ce regard sur le Mitterrand et le Parlement fut aussi l’occasion de présenter au public – et de remettre aux présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale –, le premier volume de la réédition critique des discours parlementaires de François Mitterrand, centré sur ses interventions en séance de 1946 à 1954. Cet ouvrage offrira au lecteur une contextualisation des prises de position du jeune parlementaire mais souligne aussi certaines permanences.
Signalons à cet égard que le travail de réédition critique des ouvrages de François Mitterrand5. aura aussi été l’une des grandes avancées de cette année du Centenaire. Chaque ouvrage a été préfacé et annoté par un historien. Chercheurs, étudiants et curieux peuvent désormais retrouver en librairie les livres écrits de la main du président, à l’exception regrettable de ceux édités par Odille Jacob… cette dernière n’ayant pas souhaité prêter son concours à ce travail scientifique.
Sont reédités dans ces 4 tomes : Les Prisonniers de guerre devant la politique ; Aux frontières de l’Union Française ; Présence française et abandon ; La Chine au défi ; Le Coup d’État permanent ; Ma part de vérité ; Un socialisme du possible ; La Rose au poing ; Ici et maintenant ; La Paille et le Grain ; L’Abeille et l’Architecte ; Réflexions sur la politique extérieure de la France ; Lettre à tous les Français.
Cet intérêt, nous avons enfin pu le constater à l’occasion de la remise du prix de l’IFM, en juin 2016. Le mémoire primé, Un intellettuale a Palazzo Farnese : Gilles Martinet ambasciatore di Francia a Roma, consacré à l’action politique de Gilles Martinet, a été cette année attribué à un jeune chercheur italien[[Dans une prochaine livraison de La Lettre de l’IFM vous pourrez lire l’article de Samuele Sottoriva, Lauréat du Prix, issu de son mémoire consacré à Gilles Martinet lorsqu’il fut ambassadeur de France à Rome.
Son mémoire, préfacé par Jean Musitelli, a été publié aux éditions Franco Angeli à Milan.]]. Ce lauréat venu d’Europe démontre que l’intérêt scientifique pour les « années Mitterrand » dépasse nos frontières.
- Ce colloque a eu lieu les 20 et 21 mai 2015 à l’École Militaire, les actes François Mitterrand et la Défense ont été publiés en fin de Centenaire (mars 2017) aux éditions Nouveaux Monde en partenariat avec le Ministère de la Défense et l’Institut François Mitterrand.
- « François Mitterrand et le monde, La diplomatie mitterrandienne, 1981-1995 », Matériaux pour l’histoire de notre temps, n° 101-102, 2011. Lien : http://www.cairn.info/revue-materiaux-pour-l-histoire-de-notre-temps-2011-1.htm.
- François Mitterrand et l’Amérique Latine (1971-1995), Éditions du Seuil, Collection : le genre humain, novembre 2017
- Terme utilisé pour désigner les politiques d’influences développées par un Etat qui ne s’appuient pas sur la violence, mais sur des moyens moins coercitifs.
- François Mitterrand, Œuvres, Tome I, II, III & IV, Editions les Belles Lettres.